Thursday

Bout

J’en suis encore tout tremblant, putain de vie …. (Soupir)

J’essaie de faire de mon mieux, je veux dire, j’essaie de n’embêter personne, je cherche juste à ne blesser personne, et j’aimerais juste être considéré comme un citoyen à part entière.

La matinée s’était pourtant bien passée (peut être comme un sursis à mon inévitable destin ?)

Kmel était souriant il avait son sweat shirt de l’OM et nous parlions d’As time goes by de Bryan Ferry que nous jugions pas très réussi

Puis je rentre dans ma voiture, je m’installe prêt à démarrer et j’ai sentis une main sur mon épaule.


Je me retourne en une fraction de seconde, je vois sur la banquette arrière une petite vieille dame avec des grosses lunettes, des cheveux frisés sous un chapeau elle me dit de ne pas m’inquiéter qu’elle souffre d’Alzheimer et qu’il faut que je là raccompagne chez elle, qu’elle me donnera de l’argent, rassuré je m’exécutais et démarrais.

Dans le rétroviseur je voyais quelque chose dans son regard qui clochait, comme une disharmonie secrète, quelque chose à cacher, quelque chose de volé, en passant la vitesse (oui je sais c’est la honte je n’ai pas d’automatique !) mon regard s’arrêta sur sa jambe quand le choc arriva, c’était une jambe d’homme avec des poils, d’un seul coup à la manière d’un spéléo je mettais une lumière sur son insistant mystérieux secret.

Je faisais comme si de rien était et comme si de rien était, je lançais la conversation sur Slave to love de Bryan Ferry quand je sentis un pistolet sur ma joue, elle m’ordonna immédiatement d’écouter ses ordres, alors je l’écoutais et prenais la direction de Massy Palaiseau.

C’était étrange comment j’étais alors, comme je me sentais, dos au mur, je me devais de passer à l’action

Au bout d’une demi heure j’ai décidé de prendre les choses en main et d’accélérer le plus vite possible, d’ouvrir ma portière, de sauter d’un pont et de me jeter dans le vide, ce que j’ai réussi à faire !! reprenant mes esprits au bout de quelque seconde, je me relevais ma vision devenait plus nette et je voyais cet étrange personnage qui s’enfuyait sur la route en hurlant on se retrouvera on se retrouvera ! !

Hagard je rentrais chez moi, à pied traversant les vallées innommables, de sentiment, de désir.

Je réalisais soudainement que je voulais un enfant, plus que tout, un enfant comme une bouée de sauvetage, alors je fermais les yeux et j’imaginais la mer(e), reposante soupirante, enivrante aspirante et récitais Psyché de Pierre Louys en rêvant à une fille qui prendrait le metro à Ranelagh :

Psyché, ma soeur, écoute immobile, et frissonne...
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encor...Personne
N'est plus heureux ce soir, n'est plus divin que nous.


Une immense tendresse attire à travers l'ombre
Nos yeux presque fermés. Que reste-t-il encor
Du baiser qui s'apaise et du soupir qui sombre?
La vie a retourné notre sablier d'or.


C'est notre heure éternelle, éternellement grande,
L'heure qui va survivre à l'éphémère amour
Comme un voile embaumé de rose et de lavande
Conserve après cent ans la jeunesse d'un jour.


Plus tard, ô ma beauté, quand des nuits étrangères
Auront passé sur vous qui ne m'attendrez plus,
Quand d'autres, s'il se peut, amie aux mains légères,
Jaloux de mon prénom, toucheront vos pieds nus,


Rappelez-vous qu'un soir nous vécûmes ensemble
L'heure unique où les dieux accordent, un instant,
À la tête qui penche,à l'épaule qui tremble,
L'esprit pur de la vie en fuite avec le temps.


Rappelez-vous qu'un soir, couchés sur notre couche,
En caressant nos doigts frémissants de s'unir,
Nous avons échangé de la bouche à la bouche
La perle impérissable où dort le Souvenir.


Pierre Louýs